La problématique du premier téléphone portable suscite de vives préoccupations chez les parents. Outre les inquiétudes relatives au temps d’exposition aux écrans et à son impact potentiel sur le développement cérébral, se pose également la question cruciale des bonnes pratiques à mettre en place pour protéger les plus jeunes faces aux dangers du numérique. Contenus inadaptés, dépendance, harcèlement en ligne… le téléphone portable est une fenêtre ouverte sur le monde, et il nécessite par conséquent un encadrement précis.
Des outils et applications sont disponibles pour restreindre l’accès à Internet, surveiller l’activité sur les réseaux sociaux et contrôler les échanges de messages. Mais avant d’en arriver là se pose la question fondamentale de l’âge approprié pour offrir le premier appareil. Une étude menée par Médiamétrie en 2020 met en lumière une tendance de fond : les enfants reçoivent leur premier téléphone de plus en plus tôt, avec un âge moyen d’acquisition désormais fixé à neuf ans et neuf mois, c’est-à-dire à l’école primaire. Les résultats de cette enquête révèlent également que 65 % des jeunes âgés de 11 à 14 ans possèdent un smartphone.
Agir de manière graduelle
Didier Courbet, Professeur des Universités et Chercheur à l’Université d’Aix-Marseille, mène une étude approfondie sur les usages et les effets des médias numériques. Lors d’une interview accordée à nos confrères de Ouest-France, il souligne l’importance de faire la distinction entre le téléphone portable standard, qui permet uniquement de téléphoner et d’envoyer des messages, et le smartphone, doté d’une connexion internet et offrant un accès aux réseaux sociaux.
Selon ses recommandations, il est judicieux de commencer par offrir un simple téléphone, dépourvu de connexion internet, mais pas avant l’âge de 11 ans. Puis, de faire preuve de malice lorsque l’enfant exprimera son désir de posséder un véritable smartphone comme ses camarades. Il est possible de lui transmettre l’appareil en question tout en limitant l’accès à internet dans un premier temps, voire en s’abstenant de souscrire à un forfait data ou en activant le mode enfant.
Il faut donc agir de manière graduelle en fonction de l’âge, « à partir de l’entrée en 5 ᵉ, l’enfant devient un adolescent, on commence à négocier. En 4 ᵉ on peut raisonnablement lui offrir un smartphone avec accès à internet, à condition de mettre des filtres », précise-t-il avant d’ajouter qu’il faut, en tant que parent, rester attentifs aux signaux. « Un adolescent qui est toujours sur son smartphone a plus de risques de développer des troubles anxieux et dépressifs. À cet âge, très sensible, l’image de soi-même se développe. Un smartphone développe aussi du stress chez les ados ».
