Google a décidé d’annuler son projet de supprimer les cookies tiers dans Chrome. Cette nouvelle intervient après quatre ans de tentatives pour apaiser les régulateurs et les agences publicitaires avec sa solution Privacy Sandbox. Ce système était censé développer un profil sur les goûts et les aversions d’une personne pour les annonceurs sans avoir besoin de s’appuyer sur un historique de navigation et de recherche.
Les cookies sont de petits morceaux de données qui suivent l’historique de navigation sur le Web pour diffuser des publicités personnalisées aux navigateurs. Au lieu de remplacer les cookies par Privacy Sandbox, Google permettra bientôt aux utilisateurs de Chrome de désactiver complètement les cookies tiers.
Une transition délicate
Bien que Privacy Sandbox mettait Chrome en phase avec les navigateurs Web concurrents tels que Safari d’Apple, Mozilla Firefox, Brave et Microsoft Edge, Google a reconnu que la transition « nécessite un travail important » de la part de tous les acteurs de la publicité en ligne. Cela a également donné à Google beaucoup plus de contrôle sur les précieuses données des consommateurs.
Google avait initialement prévu de supprimer les cookies de suivi tiers dans Chrome d’ici 2022.
« Nous proposons une approche actualisée qui augmente le choix des utilisateurs », argumente Anthony Chavez, vice-président de Privacy Sandbox chez Google. « Au lieu de déprécier les cookies tiers, nous introduirions une nouvelle expérience dans Chrome qui permet aux utilisateurs de faire un choix éclairé qui s’applique à toute leur navigation sur le Web, et ils pouront ajuster ce choix à tout moment. »
Les cookies posent des problèmes de confidentialité
Les cookies tiers font partie du paysage publicitaire en ligne depuis des décennies. Ils constituent une industrie qui devrait atteindre 723 milliards de dollars d’ici 2026, selon PWC. Les annonceurs utilisent des cookies pour savoir exactement ce que les personnes aiment, puis placent des publicités pertinentes en fonction de ces goûts.
Cependant, ces cookies soulèvent des problèmes de confidentialité, comme la révélation des habitudes en ligne d’une personne ou l’utilisation de données pour discriminer certains groupes. Ces informations sont également précieuses pour les pirates informatiques. Les annonceurs et l’autorité britannique de la concurrence et des marchés se sont opposés au projet Google Privacy Sandbox, affirmant qu’il nuirait au secteur de la publicité en ligne et rendrait les entreprises encore plus dépendantes des produits publicitaires de Google.
Une décision critiquée
Chrome est actuellement le navigateur Web le plus populaire au monde, avec 66 % de part de marché mondiale, selon Statcounter. De plus, Google est également le moteur de recherche le plus populaire au monde, avec une part de marché mondiale monstrueuse de 91 %. Sachant que Google a réalisé 237 milliards de dollars de revenus en 2023 grâce aux seules publicités en ligne, cela donne à l’entreprise une influence démesurée sur le marché de la publicité en ligne.
« La décision de Google de continuer à autoriser les cookies tiers, malgré le fait que d’autres navigateurs majeurs les bloquent depuis des années, est une conséquence directe de son modèle économique axé sur la publicité », estime Lena Cohen de l’Electronic Frontier Foundation. « Avec près de 80 % des revenus de Google provenant de la publicité en ligne, il est clair que Chrome place les intérêts des annonceurs avant la confidentialité des utilisateurs. »
Google ne supprime pas complètement Privacy Sandbox et continuera à rendre les API disponibles.