Informatique

Un nouveau référentiel pour quantifier l’impact

Un nouveau référentiel pour quantifier l'impact environnemental du numérique

En entreprise, les directeurs des systèmes d’information prennent de plus en plus part aux stratégies de responsabilité sociétale des organisations. Pour ce faire, ils doivent disposer d’outils et de méthodologies rodées. NegaOctet a bien identifié ce besoin. C’est dans cette optique que le consortium vient d’inaugurer une base de données dédiée à l’évaluation de l’impact environnemental des services numériques sur l’ensemble de leur cycle de vie.

L’objectif de cette base de données est de permettre aux entreprises et collectivités de quantifier précisément les impacts de leurs biens et services numériques, avant d’éventuellement en communiquer les résultats au public.

Il s’agit du premier référentiel capable de tenir compte du cycle de vie complet des différents équipements de la chaîne de valeurs, revendiquent les membres du consortium dans un communiqué. Et ce n’est pas si simple. Sous l’égide de l’Ademe, les quatre partenaires du consortium, APL Data Center, LCIE – Bureau Veritas, le collectif GreenIT.fr et DDemain, ont travaillé pendant trois ans à la création de ce référentiel standardisé. « Nous avions besoin de ces données qui n’existaient pas. Les bases de données existantes étaient bibliographiques et calculées de façon hétérogène. Il fallait mettre à disposition de l’ensemble des acteurs les moyens de quantifier leurs impacts », explique Frédéric Bordage, fondateur de GreenIT, à ZDNet.

La base de données est constituée de 15 000 données, 1 500 assets allant des microprocesseurs aux ordinateurs et de 25 configurations différentes. Pour qu’elle soit la plus détaillée possible, les mesures sont réalisées à différents stades, d’abord au niveau des composants (mémoire vive, microprocesseurs, etc.), puis des équipements et des systèmes, et enfin au niveau des services numériques. En d’autres termes, la manière dont chacun utilise des objets connectés ou lance des visioconférences à tout-va fera aussi partie de cette grande évaluation.

Et pour s’assurer que cette base de données soit bien « opposable », l’ensemble des données ont fait l’objet d’une revue critique de la part d’un organisme de recherche indépendant, souligne Frédéric Bordage.

De l’épuisement des ressources abiotiques aux émissions de gaz à effet de serre

La contribution à l’épuisement des ressources abiotiques, la production de déchets ou encore les émissions de gaz à effet de serre sont autant d’indicateurs d’impacts environnementaux qui sont pris en compte. Ils n’ont pas été choisis au hasard. « Nous intégrons un cadre normatif a minima européen, puisque nous avons sélectionné des critères d’impact demandés par la Commission européenne », assure Robert Bouchard, président d’APL Data Center, à ZDNet. Car si le projet est français, la volonté de NegaOctet est bien d’agir au niveau international. Cela veut dire que les sociétés du CAC 40 qui possèdent des filiales à l’étranger pourront tout à fait l’utiliser, confirme Frédéric Bordage.

Plus largement, toutes les entreprises et collectivités qui veulent quantifier les impacts de leurs systèmes d’information, ou bien éco-concevoir leurs services numériques, pourront collaborer à ce projet. De la même façon, les prestataires extérieurs et ESN qui s’intéressent aussi à ces problématiques environnementales font aussi partie du cœur de cible.

Mais l’accès aux données de la base n’est pas gratuit. Les organisations doivent souscrire à une licence annuelle, dont le coût varie entre 5 000 et une centaine de milliers d’euros, selon la taille de l’organisation concernée. Les tarifs seront régressifs à partir de la deuxième et de la troisième année, note Robert Bouchard, l’idée étant, à terme, de faire de cette base de données un « commun numérique » et d’en transférer la responsabilité aux utilisateurs directement. « D’ici à trois ans, les utilisateurs de cette base de données décideront ou non s’ils veulent l’open sourcer », poursuit le membre du consortium.

Au-delà des clients professionnels, le grand public pourra aussi visualiser partiellement cette base de données. Certaines données seront accessibles gratuitement dans les prochaines semaines depuis la Base Impact de l’Ademe.

Un référentiel au cœur de l’agenda politique

L’agenda politique étant très largement traversé par ces questions de sobriété numérique, le référentiel tombe aussi à pic dans le cadre de la loi REEN, promulguée le mois dernier, dont l’un des volets porte sur la sensibilisation de la population aux impacts environnementaux du numérique.

Cette loi prévoit en outre un nouvel observatoire des impacts environnementaux du numérique, cogéré par l’Ademe et l’Arcep, pour lequel le projet de NegaOctat pourrait s’avérer pertinent. D’ailleurs, le consortium a déjà travaillé avec l’Arcep autour de l’implémentation de l’article 13 de la loi Agec, relative à la lutte contre le gaspillage. Les FAI et les opérateurs mobiles seront obligés de communiquer sur l’empreinte carbone des activités numériques à compter de 2022.

« On espère avoir un effet de levier. Maintenant que la donnée existe, cela sera difficile de faire sans », analyse Robert Bouchard. Si ce référentiel a plutôt une valeur indicative à proprement parler, il prépare déjà les esprits aux prochains débats autour d’un « nutriscore » du numérique. Dans un avenir proche, ce référentiel pourra également nourrir des analyses sectorielles plus fines des impacts environnementaux.




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