Finance

Lente correction des prix dans le mid-market

Guerre en Ukraine, inflation, hausse des taux, supply chain contraintes, remboursement des PGE, perspectives de croissance faible du PIB tricolore (+0,7 % en 2023 selon le FMI)… Rien ne semble pouvoir faire baisser les prix dans le mid market. Le dernier Argos Index révèle que le multiple médian de valorisation des entreprises de la zone euro valorisées entre 15 et 500 M€ s’est établi à 9,7 fois l’Ebitda, au premier semestre 2023. Ce niveau représente une baisse de 2 % par rapport à fin 2022 et maintien l’indice au-delà de la moyenne historiques des cinq années précédant la crise du covid-19. Les prix sont encore tirés par les fonds d’investissement, qui paient les PME et ETI européennes 10,4 fois, contre 10,5 fois trois mois plus tôt, alors que les acquéreurs stratégiques n’offrent que 9,2 fois l’Ebitda (recul de 6,1 % sur le trimestre). A la lecture de ces chiffres, rien ne semble indiquer le toussotement du marché M&A, d’autant que le volume des opérations sur les trois premiers mois de l’année ne s’effondre pas, même si la baisse reste marquée (– 13 %). « Après la bulle post-Covid, il y a un ajustement en douceur des niveaux de prix, avec un baisse mesurée des transactions », constate Louis Godron, managing partner chez Argos.

Le smid cap en locomotive

Louis Godron, Argos Wityu

Louis Godron, Argos Wityu

Mais un chiffre de l’étude trimestrielle réalisée par Argos et Epsilon Research montre cependant l’impact de la conjoncture sur les fusacqs : la montant cumulé des transactions. Après une chute de 57 % au quatrième trimestre 2022, la contraction se poursuit avec encore 9 % de valeur qui s’évapore en trois mois. La valeur des opérations mid market est tombée sous les 75 Md€ et se rapproche du point bas atteint durant le T2 2020, au pic du Covid (à peine plus de 50 Md€). « Le niveau d’activité est encore très bon sur les opérations portant sur des cibles valorisées entre 15 et 50 M€, ce qui maintient les volumes, explique Louis Godron. Par contre, le marché est en stand-by sur transactions entre 150 et 500 M€, avec quelques dossiers qui sortent, mais principalement dans la santé et de la Tech. » Les deals sur ces secteurs sont très bataillés et poussent les multiples de valorisation à la hausse. Ainsi, 20 % des transactions nouées sur le trimestre ont été signées pour plus de 15 fois l’Ebitda de la cible. Une première depuis fin 2021, alors que la moyenne tournait autour de 15 % des opérations en 2022. De l’autre côté du spectre, 18 % des entreprises ont été cédées pour moins de 7 fois leur Ebitda, soit un niveau en lien avec les précédents indices. « Il n’y a pas eu de vente à la casse, souligne le managing partner d’Argos. Les vendeurs préfèrent temporiser leur sortie plutôt que de baisser les prix. »

Baisse des taux vs baisse des prix

Si la dry powder des fonds les pousse à investir, ces derniers sont restés moins actifs qu’à l’accoutumée durant ces trois premiers mois de l’année. Ils ont, de nouveau, représenté moins de 15 % des volumes de transactions, contre plus de 20 % en moyenne sur 2021. Cela peut s’expliquer par leur plus grande dépendance aux sources de financements que les stratégiques. D’ailleurs, le marché européen du leveraged loan a encore chuté en ce début d’année pour atteindre une baisse de – 41,1% sur les douze mois glissants à fin mars, selon Fitch Ratings. Alors qu’est ce qui pourrait faire repartir le marché sur le haut du mid market ? « En l’absence de baisse des taux, il faudra que les prix baissent », répond Louis Godron.


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