Mobilité

Après le changement climatique, un « avenir vivable » serait

Après le changement climatique, un « avenir vivable » serait toujours possible


Le monde de nos enfants sera différent du nôtre. Celui de nos
petits-enfants le sera encore plus. La question cruciale est : dans quelle
mesure ce monde sera-t-il vivable ?


Le mois dernier, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du
climat (Giec) a
publié son dernier rapport, une synthèse de tous les travaux qu’il a
effectués ces dernières années pour résumer les dernières données
scientifiques sur le climat. Il indique que si des mesures urgentes sont
prises pour lutter contre la crise climatique, un avenir vivable est encore
possible. « Un avenir vivable n’est pas si difficile à définir »,
explique Lisa Schipper, membre du Giec et professeure de géographie du
développement à l’université de Bonn. « Il s’agit de répondre aux besoins humains fondamentaux. »

Mais il s’avère que le concept « d’avenir vivable » est
plus subjectif qu’il n’y paraît au premier abord. Est-ce qu’un avenir vivable est un avenir où une petite élite riche accapare l’accès exclusif
à un ensemble de ressources de plus en plus rares au cours des cent
prochaines années, tandis que tous les autres survivent tant bien que mal sous divers événements climatiques extrêmes ? Ou alors est-ce un monde où les populations vivent en meilleure
harmonie avec la nature et disposent d’un air pur, de
logements abordables et de la sécurité alimentaire dont elles ont besoin
pour survivre ?


«

L’avenir pour lequel je me bats est un avenir dans lequel chaque
personne peut vivre dans la dignité, éprouver souvent de la joie et ne
pas s’inquiéter des choses dont elle a besoin pour survivre

», a déclaré l’activiste climatique Mikaela Loach, lors du lancement de son
livre It’s Not That Radical : Climate Action to Transform Our World à
Édimbourg, en Écosse, le mois dernier.


Le rapport du Giec nous montre comment maximiser nos chances de rendre cet
avenir vivable aussi bon que possible pour le plus grand nombre.


Vivable, mais pour qui ?


La question de savoir à quoi ressemble un avenir vivable en soulève une
autre : vivable pour qui ? À l’heure actuelle, les effets sont ressentis de
manière inégale. Ceux qui sont le moins responsables du changement
climatique, les populations les plus vulnérables, subissent les effets les
plus néfastes.


Même aujourd’hui, avec un réchauffement de 1,1 degré Celsius par rapport
aux niveaux préindustriels, nous constatons directement les effets du
changement climatique causé par l’homme. Des phénomènes météorologiques
importants et imprévisibles provoquent la mort, la destruction et le
déplacement de populations dans le monde entier. Selon la définition de
Lisa Schipper, on pourrait même penser que certaines des zones les plus
touchées peuvent déjà être considérées comme invivables.


L’un des graphiques du rapport du Giec ci-dessous montre comment le
changement climatique affectera les personnes nées au cours des différentes
décennies entre 1950 et 2020. Il utilise des bandes de couleur sur des
silhouettes humaines pour indiquer l’ampleur du réchauffement qu’elles
devront supporter à différents stades de leur vie. On constate qu’évidemment, les
personnes nées le plus tardivement on bien plus de probabilités de vivre sous de hautes températures que les autres.

avenir climat giec 1 

IPCC


Si nous atteignons un réchauffement de 4 degrés Celsius (le scénario le
plus pessimiste et une projection que les scientifiques du Giec considèrent
comme possible), on peut s’attendre à ce qu’une partie encore plus réduite
de la planète réponde aux critères d’habitabilité.


Pour limiter le réchauffement et faire en sorte que la plus grande partie
possible de la planète reste vivable, le Giec, ainsi que d’autres
scientifiques et experts des Nations unies, sont convaincus de la nécessité
d’opérer certains changements. Une grande partie de ces changements devront avoir
lieu dans les pays développés d’Amérique du Nord et d’Europe, parmi les
pays qui sont historiquement et actuellement les plus gros émetteurs de gaz
à effet de serre en raison de l’utilisation de combustibles fossiles pour
l’énergie.


«

De nombreuses personnes, la plupart en Amérique du Nord, vivent bien
au-delà de ce que la Terre et le climat peuvent supporter

», a déclaré Lisa Schipper. «
leur avenir devrait être
radicalement différent pour permettre un avenir vivable pour tous.

»


Ce que signifie être vivable, durable et digne


Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a décrit le
rapport du Giec de mars comme «

un guide pratique pour désamorcer la bombe à retardement climatique

» et « un guide de survie pour l’humanité ». Il présente un
certain nombre de voies que nous pourrions choisir de suivre au cours des
77 prochaines années et au-delà.


Le scénario le plus optimiste, qui suppose l’abandon total des combustibles
fossiles, conduit à un monde à faibles émissions, où nous pourrons
préserver nos écosystèmes, protéger la santé publique mondiale et assurer
la sécurité alimentaire. Elle ouvre la voie à un avenir où l’équité pour tous est intégrée dans le tissu des systèmes dont nous
dépendons.


Stan Cox, écologiste et auteur, parle également dans son livre The Path to a Livable Future d’un avenir qui n’est pas seulement
vivable et durable, mais aussi digne. Dans un entretien par courriel, il
évoque l’importance de redistribuer le pouvoir pour permettre une plus
grande autodétermination des citoyens, en particulier de ceux qui ont été
historiquement marginalisés. «

Un avenir digne, en plus d’être vivable, exigerait que les communautés
qui ont toujours été mises à l’écart jouent un rôle central dans
l’élaboration de notre avenir collectif

», pense-t-il. La richesse et l’ascendance ne devraient plus permettre à
une minorité de décider de ce qui est le mieux pour tous les autres, a-t-il
ajouté.


Pour mettre fin à notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles et
permettre à ce scénario optimiste de se concrétiser, il
faut s’attaquer à l’un des plus grands défis de transformation énoncés par
les experts du climat : les gouvernements et les entreprises devront
changer complètement d’état d’esprit afin d’abandonner « le mirage d’une croissance économique illimitée », estime Stan
Cox.


Selon lui, au lieu d’utiliser les ressources de plus en plus rares de la
Terre pour générer des profits, il faudra les utiliser pour maintenir la
vie. «

Si nous y parvenons, ceux qui nous succèderons vivront dans une
civilisation qui s’intègre dans les écosystèmes au lieu de les piller.

»

avenir climat giec 2 

L’ampleur de l’augmentation de la température mondiale peut avoir des répercussions sur la qualité de vie de différentes manières.
Giec


Comment faire en sorte que la Terre reste vivable ? Accepter le changement


Un avenir vivable garanti par le sacrifice et le changement n’est peut-être
pas ce que les citoyens, les gouvernements et les entreprises du monde
développé veulent entendre. Dans une tribune publiée dans

The Conversation

, deux auteurs du Giec, Elisabeth Gilmore et Robert Lempert, montrent
comment une transformation proactive de la part des gouvernements, en
collaboration avec les citoyens locaux, pourrait assurer la longévité de
nombreuses communautés riveraines qui risquent actuellement d’être inondées
et laissées pour compte par les effets du changement climatique.

«

La communauté riveraine pourrait se déplacer vers un terrain plus
élevé, transformer son front de rivière en parc tout en développant des
logements abordables pour les personnes déplacées par le projet, et
collaborer avec les communautés en amont pour étendre les paysages qui
capturent les eaux de crue

», écrivent les deux experts.


Dans cet exemple, la solution pour rendre les villes riveraines habitables
peut être mise en œuvre parallèlement à la transition vers les sources
d’énergie renouvelables et les transports écologiques. Mais il faut pour
cela accepter ce qui pourrait être un changement inconfortable ou
apparemment gênant : dépenser l’argent des contribuables, demander aux
populations de déménager et reconfigurer l’infrastructure.


Il s’agit là d’une version réduite et simplifiée de l’argument au cœur de
l’ensemble du rapport de synthèse du Giec. Les plus aisés et les institutions
du monde occidental ont le choix entre accepter le changement, aussi
inconfortable soit-il, et faire en sorte que la planète reste habitable, ou
résister en faveur du maintien du statu quo et voir les régions habitables
de la planète s’étioler peu à peu.


Au-delà de la simple survie


Cette vision d’un avenir vivable va bien au-delà de la simple survie. Elle
dépeint un monde plus sûr, plus égalitaire et plus stable. Il y a tant d’espoir à trouver dans l’idée que nos générations futures
pourraient avoir des avenirs durables dans lesquels l’humanité a réussi à
renégocier une relation plus respectueuse avec la Terre.

Pour y parvenir,
il est urgent que les gouvernements et les entreprises se transforment,
mais les citoyens ont un rôle important à jouer en luttant pour ce
changement et en l’accueillant lorsqu’il se produira. Comme l’écrit Mikaela
Loach :

« Pour avoir un espoir actif, nous devons être capables d’envisager ce
vers quoi nous courons et ce que nous fuyons. Nous devons imaginer à
quoi ressemblera ce nouveau monde

».




Article de CNET.com adapté par CNETFrance


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