La démission de Jack Dorsey du poste de PDG du géant de l’internet Twitter est le dernier départ en date d’un mouvement. Un mouvement qui montre un nombre record de démissions de PDG d’entreprises de la tech au cours des deux dernières années.
Le rapport de novembre 2021 du chasseur de tête Challenger, Gray && Christmas montre que les départs de PDG d’entreprises américaines ont augmenté cette année. Mais le pire mois jamais enregistré pour les départs de PDG du secteur de la technologie remonte à janvier 2020, avec 35 départs.
Cette tendance a atteint son point culminant juste avant la pandémie, puis s’est maintenue à des niveaux élevés pendant les confinements dus à la Covid-19.
Challenger, Gray & Christmas rapporte que la « retraite » est souvent la principale raison invoquée par les anciens PDG pour démissionner, tandis que d’autres affirment partir en raison de meilleures opportunités dans d’autres entreprises.
Une foule de problèmes à gérer
Andrew Challenger, vice-président senior de Challenger, Gray & Christmas, note dans un rapport d’août 2021 qu’il existe de nombreux autres facteurs. « Les dirigeants ont une foule de problèmes à gérer en termes de gestion des talents, de rétention, d’embauche et de réimagination du lieu de travail post-Covid », explique-t-il.
Et bien sûr, les PDG/fondateurs des géants américains de la technologie, comme Amazon, Google, Twitter et Facebook, sont confrontés à des pressions qui dépassent celles du CXO moyen. Nombre d’entre eux ont été appelés à témoigner devant des politiciens américains sur des sujets aussi divers que leur rôle dans l’ingérence d’organisations malveillantes dans les élections américaines ou leur incapacité à contrôler les discours de haine et les « fake news ».
Pour ces PDG de haut niveau, ce retournement de situation, après des années d’adoration, doit être un choc.
Gérer une image déplorable…
Les PDG Larry Page et Sergey Brin, cofondateurs de Google, se sont éclipsés sans fanfare fin 2019. Jeff Bezos, PDG et fondateur d’Amazon, est parti à la mi-2021. Maintenant que Jack Dorsey quitte Twitter, Mark Zuckerberg est le dernier PDG/fondateur encore debout parmi les géants de l’internet.
Le problème réside dans la nature fondamentale de ces géants de l’internet : ils collectent des quantités massives de données sur chacun de leurs utilisateurs pour alimenter leurs réseaux publicitaires. Il s’agit d’un modèle économique insoutenable, car les politiciens du monde entier finissent par reconnaître que cette pratique est un poison pour leurs sociétés. Comment cela ? Elle rend possible la diffusion secrète de messages politiques ciblés – et pas seulement de messages commerciaux, comme des publicités vendant des chaussures – ce qui conduit ces hommes politiques à imposer des contrôles stricts.
Un exemple clé est la loi californienne sur le droit à la vie privée, qui entrera en vigueur en janvier 2023, sur le modèle du RGPD européen. Elle aura un impact majeur sur la collecte et la vente des données personnelles des résidents californiens. Et d’autres Etats américains discutent actuellement de lois similaires.
… seul Zuckerberg semble apprécier cela
S’il faudra encore plusieurs années pour que de nouvelles lois visant à contrôler ou à démanteler les grandes entreprises technologiques portent leurs fruits, il n’est pas étonnant que les PDG des entreprises de la tech se mettent déjà à l’écart – à l’exception de Mark Zuckerberg, qui ne semble pas se soucier de l’opinion publique et des convocations de plus en plus régulières du Capitole.
De fait, le PDG de Facebook semble se délecter de l’exercice.
Et ce qui est remarquable, c’est qu’il est assis seul face aux représentants du peuple. Il n’y a pas d’avocat à ses côtés, qui lui chuchote des conseils. Et il ne montre aucun signe de vouloir suivre ses pairs et devenir un ancien PDG. Il est déterminé à trouver un moyen d’avancer et de conserver son poste.
Sa dernière tactique, pour faire face à l’énorme quantité de critiques à l’égard de la gestion de Facebook et de l’industrie technologique en général, consiste tout simplement à changer le nom de sa société.
Meta est le nouveau nom, et le « metaverse » est son nouvel objectif.
Mark Zuckerberg sait que la publicité ciblée, qui est au cœur de la machine Facebook, est vouée à la poubelle de l’histoire. En attendant, il espère gagner du temps pour faire la transition vers un modèle économique différent et confondre ses détracteurs avec un battage médiatique vaporeux sur la création d’un nouveau type d’entreprise technologique pour tous. Cela pourrait marcher.
Il a pris sa décision, celle à laquelle les PDG du monde entier sont confrontés : comment s’adapter à un monde post-Covid, et comment faire évoluer les entreprises pour qu’elles réussissent dans un nouvel environnement de travail et une économie mondiale ? Ce rôle nécessite une nouvelle vision, et certains PDG réalisent qu’ils n’ont pas ce qu’il faut.
Se mettre à l’écart est une bonne chose pour eux.
Source : ZDNet.com
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