Il y a 319 millions d’années, un poisson est mort, a été enseveli dans des
sédiments et a fini par se fossiliser. En 2023, il est devenu la vedette
d’une étude qui révèle « le plus ancien exemple de cerveau de vertébré bien préservé. »
Rodrigo Figueroa, doctorant à l’Université du Michigan, a dirigé l’étude,
publiée mercredi dans la revue
Nature. Le poisson est un Coccocephalus wildi, qui appartient à un
groupe diversifié composé d’environ 30 000 espèces de poissons à nageoires
rayonnées parmi lesquelles on trouve notamment les espadons et les truites.
«
Cette découverte inattendue d’un cerveau de vertébré conservé en trois
dimensions nous donne un aperçu surprenant de l’anatomie neurale des
poissons à nageoires rayonnées
»,
explique le paléontologue Sam Giles de l’Université de Birmingham, coauteur de
l’étude. «
Il nous révèle un schéma d’évolution du cerveau plus complexe que celui
suggéré par les seules espèces vivantes, ce qui nous permet de mieux
définir comment et quand les poissons osseux actuels ont évolué.
»
L’imagerie médicale a joué un rôle clé
Les chercheurs ont utilisé un scanner non invasif, la même technologie que
celle utilisée pour l’imagerie médicale des humains, afin d’examiner
l’intérieur du crâne sans endommager le
fossile. Ils ont trouvé un cerveau et des nerfs crâniens d’environ 2,5 centimètres
de long.
Le crâne fossilisé de Coccocephalus wildi. Jeremy Marble/Université du Michigan News
Si les
os fossilisés sont largement répandus, la préservation des tissus mous tels que les
cerveaux est beaucoup plus rare. Les chercheurs ont pu comparer la
structure de l’ancien cerveau avec celle d’animaux actuels. Tous les
poissons à nageoires rayonnées actuels ont un cerveau qui se replie vers
l’extérieur au cours du développement de l’embryon. Le cerveau de Coccocephalus, en revanche, se replie vers l’intérieur. Cette
découverte aide les scientifiques à mieux comprendre la chronologie de
l’évolution du cerveau chez les poissons à nageoires rayonnées.
Selon Sam Giles, le cerveau de Coccocephalus wildi ressemble à
celui du poisson-spatule et de l’esturgeon, qui sont considérés comme des
poissons « primitifs », puisqu’ils ont divergé des autres poissons à
nageoires rayonnées il y a plus de 300 millions d’années.
Une des images du scanner du crâne de Coccocephalus wildi de l’article. Les lignes indiquent les parties du cerveau à l’intérieur. Figueroa et al./Nature
Le fossile a été découvert dans une mine de charbon en Angleterre il y a
plus d’un siècle. «
Avec la généralisation des techniques d’imagerie modernes, je ne serais
pas surpris si nous découvrions que les cerveaux fossiles et autres
parties molles sont beaucoup plus courants que nous le pensions
auparavant
», pense Rodrigo Figueroa. «
À partir de maintenant, notre groupe de recherche et d’autres
aborderont les têtes de poissons fossiles avec une perspective nouvelle
et différente.
»
Article de CNET.com adapté par CNETFrance
Image : Márcio L. Castro
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