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Oracle Red Bull Racing et la F1 : quels avantages tirer du

Oracle Red Bull Racing et la F1 : quels avantages tirer du cloud ?

Milton-Keynes, Royaume-Uni. – En cinq ans, le campus industriel d’Oracle Red Bull Racing, à 80 kilomètres au nord de Londres, a bien changé : il s’est considérablement densifié, à l’image de la végétation qui a fortement poussé et l’a embelli.

On est loin de l’image d’une ZAC aride, qui fut jadis un site de Jaguar. Pour des raisons de sûreté face aux risques d’espionnage industriel, il a même fallu dissimuler un accès à l’un des bâtiments du site. Paranoïa ? Non, car l’écurie de Formule 1 Oracle Red Bull Racing, longtemps challenger depuis son lancement en 2005, s’est définitivement hissée dans la cour des plus grands – aux côtés de Ferrari, Mc Laren, Mercedes, ou encore Williams.

Pour la saison 2022, la marque de boisson énergétique et des sports de l’extrême reste en lice pour un cinquième titre de champion du monde des constructeurs – après sa deuxième place en 2021 – et, pourquoi pas, une nouvelle première place pour son pilote fétiche, le hollandais Max Verstappen, sacré champion du monde des pilotes de F1 en 2021.

Ces dernières semaines, les trophées s’additionnent : à Montréal, le 17 juin dernier, Oracle Red Bull Racing fêtait sa sixième victoire consécutive. La semaine précédente, sur le circuit de Bakou au Grand Prix d’Azerbaïdjan, les deux pilotes de la « team » au taureau rouge – Max Verstappen et le mexicain Sergio Pérez – s’octroyaient les deux premières places. Et le 29 mai, au Grand Prix de Monaco, les deux pilotes s’étaient déjà hissés sur le podium avec respectivement la première place pour Sergio Pérez et la troisième pour son coéquipier hollandais. Joli palmarès en deux mois !

La data au cœur des performances

Parmi les faits expliquant de tels scores, l’exploitation des data constitue une priorité cruciale aujourd’hui. Une victoire sur un podium de F1 se joue à quelques dixièmes ou centièmes de seconde. Jusque-là, les autres priorités de la F1 étaient les performances et la fiabilité de la motorisation, l’électronique embarquée, l’aérodynamique et l’amélioration des temps d’intervention sur les voitures – notamment pour les changements de pneumatiques.

Aujourd’hui, la plupart des tâches sont pilotées, sinon encadrées, par des process IT. Pour prendre l’avantage sur ses concurrents, tout doit être paramétré de façon ultra-précise, lors de la mise au point de la voiture et lors des compétitions avec des décisions de stratégie de course à prendre très rapidement.

Une F1 comme la RB18 d’Oracle Red Bull Racing, en compétition depuis janvier, répond à un cahier des charges très strict : poids, cylindrée, puissance, dimensions de tous les éléments de carrosserie, capacité du réservoir de carburant, etc. La plupart des pièces maîtresses sont en carbone, y compris la boîte de vitesse (hormis les engrenages) ; elles sont conçues et fabriquées ici, grâce à des outils de CAO/ DAO (sur le cloud) et certains éléments sont issus de l’impression 3D.

La branche Red Bull Powertrains, en charge de la motorisation, a été créée pour concevoir un moteur, suite au retrait annoncé de Honda. Plusieurs années sont nécessaires : il ne sera pas en compétition avant 2026.

En permanence, il faut adapter certaines pièces. Ainsi, le circuit de Monaco, avec un virage en épingle, nécessite de modifier la direction. Pour l’Australie, des températures record imposent d’ajouter du refroidissement. Tous les 15 jours, il faut ainsi s’adapter à un circuit différent. Au total, il faut compter un millier de changements possibles selon le profil du circuit, selon la météo, etc. Là encore, la vitesse d’exécution dépend d’une mise à disposition très rapide des données.

Des simulations en temps réel

Il est également devenu crucial d’opérer des simulations en temps réel pour prendre des décisions avant et pendant les épreuves : faut-il faire un arrêt ou deux ? Faut-il changer les pneus ? Quel type de gomme ?

Un lieu résume bien les enjeux que constituent les données notamment lors des compétitions : la salle dite « Operation room ». C’est le centre névralgique de contrôle, avec écran panoramique, comme à la NASA : 50 techniciens derrière leur PC, rangés en gradins par spécialités (motorisation, aérodynamique, communications, etc.), échangent à distance avec leurs collègues, une soixantaine, présents sur le « paddock » en bordure des circuits.

Ils s’échangent en permanence des données provenant en grande partie des 100 capteurs équipant chaque bolide. L’analyse des données en temps réel est très fouillée, et nécessite des rapprochements avec l’historique des précédentes épreuves. Toutes les décisions de stratégie de course en dépendent. Deux personnes, et seulement deux, sont habilitées à communiquer avec le pilote. Et c’est toujours le directeur de course qui a le dernier mot.

Le choix d’un cloud Oracle

Historiquement, parmi ses partenaires IT, Red Bull compte notamment HPE et Citrix. Depuis mars 2021, Oracle est devenu le partenaire principal, après avoir signé un contrat de cinq ans estimé à 100 millions de dollars par an (source : Associated Press). C’est 70 % de l’enveloppe totale de sponsoring autorisée en F1 par la FIA.

Il est vrai qu’Oracle possède déjà une solide expérience de partenariat dans les épreuves sportives. La marque est effectivement partenaire de la compétition SailGP qui aligne, en monotypie, des méga-catamarans volants (sur foil) : les F50, capables de dépasser les 100 km/h !

Ici, la contribution d’Oracle porte notamment sur les outils d’analyse pour la stratégie de course et sur la formation des pilotes sur simulateur, avec de l’intelligence artificielle (IA) et de l’apprentissage automatique (machine learning). Au sein de l’entité Red Bull Powertrains en charge des futurs moteurs, Oracle apporte un support aux solutions CAO (ou CAD, computer aided design), permettant une vingtaine de nouveaux cycles CFT, par exemple pour la modélisation de la chambre de combustion.

« Oracle nous apporte une plateforme unique en son genre (OCI, Oracle Cloud Infrastructure), qui nous permet de baisser les coûts, de répondre à des tâches très complexes et d’accélérer nos milliers de simulations. Notre capacité de simulations a été augmentée de 25 % et la vitesse d’exécution a été multipliée par 10 », nous a expliqué Amr Elrawi, senior technical partnerships manager d’Oracle Red Bull Racing.

Réagir très vite

Jusqu’à l’arrivée d’Oracle et d’une infrastructure cloud, l’équipe de Red Bull s’appuyait sur un cluster de serveurs sur site. Christian Horner, directeur de l’écurie, constate : « Déceler les opportunités et réagir rapidement est essentiel pour notre réussite, sur la piste et en dehors ; et Oracle y participe pleinement. Tous les éléments constitutifs de nos performances sont guidés par l’analyse des données. Nous nous reposons sur Oracle comme partenaire-titre en raison de sa capacité à fournir un avantage véritablement décisif sur nos concurrents ». Et William Courtenay, directeur stratégie de course d’Oracle Red Bull Racing, confirme : « Nous ne pensons qu’à la vitesse et à la rapidité de la réponse. »

Les solutions cloud d’Oracle répondent également à d’autres enjeux importants, comme le suivi des « fans » : leur gestion est désormais opérée comme une application de « customer experience », avec une segmentation très fine. Des outils comme Oracle Unity apportent une « vision à 360° des profils » ; et les programmes de fidélité, d’enregistrement et « d’hospitalité » (avec, entre autres, des QR codes) s’appuient respectivement sur Oracle Crowd Twist, Oracle Responsys ou encore Oracle Eloqua et Oracle Infinity. Des évolutions avec réalité virtuelle et technologies NFT (non-fungible token) sont en cours. Et bientôt, les fans auront la possibilité de créer eux-mêmes du contenu personnalisé.

Christian Horner résume ainsi les avancées : « Aucun autre fournisseur de cloud ne s’approchait autant de nos besoins. »

La saison 2022 a bien commencé, mais le suspense reste entier. C’est la loi de la compétition.




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