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Compagnies aériennes, santé… Ceux qui utilisent encore des

Compagnies aériennes, santé... Ceux qui utilisent encore des disquettes à l'ère numérique

À quand remonte la dernière fois où vous avez utilisé une disquette ? Bien qu’elle soit toujours utilisée comme icône de sauvegarde dans nos outils de traitement de texte, il est rare aujourd’hui d’en voir une dans la nature ; qui plus est, d’en voir une en train d’être utilisée. Il s’agit surtout, de nos jours, d’objets de collection. Il faut dire qu’une disquette ne peut stocker que 1,44 Mo (moins que ce qu’il faut pour stocker une photo ou un gros fichier MP3), et qu’il en faudrait plus de 20 000 pour stocker la même quantité d’informations qu’une clé USB de 32 Go… Né dans les années 1960, cet outil de stockage était très utile à l’époque des premiers ordinateurs de bureau ou de maison, pour transférer des données entre les machines, ou pour en sauvegarder. Mais l’arrivée du CD-ROM à la fin des années 1990 a marqué le début de la fin de la disquette, le coup de grâce étant l’explosion du cloud et l’utilisation des clés USB, des cartes SD et des petits lecteurs flash.


Logiquement, Sony, la seule entreprise qui continuait de fabriquer des disquettes dans les années 2000, a cessé sa production en mars 2011. Pourtant, figurez-vous que certaines entreprises et certains professionnels continuent d’en utiliser. Le livre « Floppy Disk Fever : The Curious Afterlives of a Flexible Medium« , sorti en août 2022, raconte ainsi que ce support obsolète continue d’être acheté par certaines industries, à la seule société qui en vend encore : Floppydisk.com. Dans The Register, Tom Persky, le fondateur de cette entreprise californienne spécialisée dans le recyclage et la vente de disquettes, explique qu’il vend des disquettes depuis 20 ans, et que son affaire marche toujours aussi bien en 2022.

disquettes aviation 

Les disquettes, toujours utilisées par les compagnies aériennes 

Concrètement, Floppy Disk vend encore 500 disquettes par jour. Mais à qui ? Selon Tom Persky, à des entreprises de broderie, d’outillage, ainsi qu’à des compagnies aériennes – en particulier celles qui s’occupent de la maintenance des avions.

Si l’industrie du transport aérien est ainsi un « gros client » de Floppy Disk, c’est parce que la moitié de la flotte aérienne actuelle a « plus de 20 ans, et utilise encore des disquettes dans certains domaines de l’avionique », affirme Tom Persky. Ainsi, « si vous construisiez un avion il y a 20 ou 30 ans, vous utilisiez une disquette pour faire entrer et sortir des informations de certains éléments de l’avionique de cet avion », explique-t-il.

Selon Travel Radar, l’Airbus 380 a été développé dans les années 1980, à l’époque où la disquette était le principal outil de transfert de données ; et les Boeing 737 et 747 datent de la même période.

Si de nombreuses compagnies aériennes utilisent encore des disquettes pour le chargement des logiciels et le transfert des données, c’est parce que la base de données d’un avion doit être mise à jour tous les 28 jours par un ingénieur, et que la seule façon de passer outre serait de remplacer intégralement le système de navigation ; pour un coût bien trop élevé. Evidemment, si les compagnies aériennes mettent du temps à renouveler leur parc, cette situation ne devrait pas durer longtemps, en raison des inconvénients que représente l’utilisation de disquettes : celle-ci est peu pratique de par leur capacité de stockage réduite, et elles sont aussi très sensibles aux radiations, y compris les ondes radio telles que le Wifi ou les signaux téléphoniques.

 

Une technologie « stable », durable et… sécurisée 

Les coûts trop élevés que représente le renouvellement des machines explique aussi pourquoi les disquettes continuent d’être utilisées par certaines entreprises industrielles. Ces machines sont parfois trop précieuses pour être mises au rebut, ou ne peuvent pas facilement être remplacées par un équivalent moderne. « Dans les années 1990, des centaines de milliers de machines industrielles ont été construites autour de disquettes, qui étaient la haute technologie de l’époque. Elles étaient construites pour durer 50 ans : elles continuent et continueront ainsi à utiliser des disquettes pendant encore des années », commente Tom Persky. Selon lui, il s’agit principalement d’entreprises qui utilisent des machines à broder (toujours en service, et conçues pour charger des dessins à partir de disquettes), ou qui fabriquent des machines pour la médecine. Ainsi, certains équipements médicaux dans le secteur de la santé ont encore besoin de disquettes pour transférer des données.


Parmi les autres clients de Floppy Disk, figurent des « amateurs », comme des chercheurs universitaires ou des sténographes judiciaires « qui utilisent ce format par commodité et habitude ». D’autres utilisateurs continuent d’acheter des disquettes pour des raisons de sécurité informatique : « les disquettes sont très fiables, très stables, et ont la particularité de ne pas être très piratables, puisque vous n’utilisez pas de réseaux Wifi et que les mises à jour doivent être faites physiquement », explique Tom Persky. Bon, certes, il y a toujours le risque qu’un virus se trouve sur une disquette, mais qui aurait l’idée, de nos jours, d’en installer un sur cet outil oublié ?

disquettes US 

Une seconde vie qui ne durera pas non plus 20 ans 

C’est sans toute pour toutes ces raisons (économies d’argent et sécurité informatique) que le ministère de la Défense des Etats-Unis a continué d’utiliser des disquettes jusqu’en 2019 pour le contrôle du programme nucléaire américain. Le système de commandement et de contrôle stratégique automatisé a débuté sous Barack Obama, mais avant cela, le système utilisait ainsi des disquettes et du matériel informatique des années 1970 pour gérer les missiles balistiques intercontinentaux et les bombardiers nucléaires. « Les disquettes et la technologie associée ont fait leurs preuves. Comme vous pouvez l’imaginer, nous voulons garantir le maximum de fiabilité et d’efficacité lors de l’exploitation d’un système d’armement aussi critique. Par conséquent, si un système est « ancien », mais toujours fiable, nous sommes enclins à l’utiliser », indiquait un porte-parole du Global Strike Command de l’armée de l’air américaine à Digital Trends, en 2015. L’un des plus grands avantages du maintien de ce système en place, était ainsi le fait qu’il était très éloigné de l’informatique moderne. L’utilisation de disquettes signifiant notamment qu’il n’est pas nécessaire de disposer d’une connexion Internet, ce qui réduit donc considérablement les possibilités de cyber-attaque.


Pour toutes ces raisons, encore, de nombreux services gouvernementaux japonais continuent, en 2022, d’utiliser des CD-ROM et des disquettes pour partager des données. Le ministre japonais du numérique, Taro Kono, qui est bien décidé à mettre fin à cette situation dans le pays aux 1000 innovations technologiques, tweetait récemment : « Il y a environ 1 900 procédures gouvernementales qui exigent que les entreprises utilisent des disquettes et des CD pour soumettre des demandes et d’autres formulaires. L’Agence numérique va changer ces règlements pour que vous puissiez les utiliser en ligne. »


Mais n’allez pas croire que les disquettes continueront d’être utilisées pendant encore 20 ans. Chez Floppy Disk, Tom Persky, 73 ans, indique que « l’approvisionnement commence à se tarir », et s’attendre à ce que sa société cesse son activité d’ici 2028 ou 2029. « Je serai là aussi longtemps que les gens voudront des disquettes. Mais ce ne sera pas pour toujours », conclut-il.


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