Informatique

Faut-il limiter le minage du bitcoin en Europe ?

Faut-il limiter le minage du bitcoin en Europe ?

Les autorités suédoises ont appelé à une interdiction à l’échelle de l’Union européenne de l’extraction de cryptomonnaies à forte intensité énergétique. Selon elles, ces opérations menacent les objectifs visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C dans le cadre de l’accord de Paris de 2015.

Dans une lettre ouverte adressée à l’Union européenne, Erik Thedéen, directeur de l’Autorité suédoise de surveillance financière, et Björn Risinger, directeur de l’agence suédoise de protection de l’environnement, ont prévenu que le minage de cryptomonnaies comme le Bitcoin et l’Ethereum avait provoqué une augmentation de la consommation d’énergie dans le pays de « plusieurs centaines de pour cent ».

Ce minage de cryptomonnaies puise de plus en plus dans les sources d’énergies renouvelables de la Suède, qui, selon Erik Thedéen et Björn Risinger, sont « nécessaires de toute urgence pour le développement d’un acier sans fossile, la fabrication de batteries à grande échelle et l’électrification de notre secteur des transports », ainsi que d’autres services essentiels.

44 tours du monde en voiture électrique pour un bitcoin

La récente répression des cryptomonnaies en Chine – qui comprend une interdiction totale de toute activité liée à l’émission ou au commerce de jetons virtuels ou à la gestion d’entreprises d’échange de cryptomonnaies – a incité les producteurs à porter leur attention ailleurs. Notamment la région nordique, où les prix et les taxes sont plus favorables, et où il existe une offre abondante d’énergies renouvelables à exploiter.

« Si nous devions autoriser l’exploitation extensive des cryptoactifs en Suède, l’énergie renouvelable dont nous disposons risquerait d’être insuffisante pour couvrir la nécessaire transition climatique que nous devons opérer », préviennent Erik Thedéen et Björn Risinger.

Dans une lettre, ils demandent spécifiquement une interdiction à l’échelle européenne du mécanisme de minage de cryptomonnaies connu sous le nom de « preuve de travail », qui consiste à fournir de la puissance de traitement informatique pour résoudre des énigmes mathématiques sur le réseau et valider des transactions sur la blockchain. Sur le réseau Ethereum, les efforts de calcul nécessaires pour effectuer des transactions sont appelés « gas », dont le coût est fixé par les mineurs en fonction de l’offre et de la demande sur le réseau. Plus l’ordinateur est puissant, plus le mineur a de chances de recevoir une pièce.

Mais ce processus exige également une énorme quantité d’énergie. Selon Erik Thedéen et Björn Risinger, la consommation d’électricité pour le minage de bitcoins en Suède s’élève désormais à un térawattheure (TWh) par an, soit l’électricité nécessaire pour alimenter 200 000 foyers.

« Il est actuellement possible de faire rouler une voiture électrique de taille moyenne sur 1,8 million de kilomètres en utilisant la même énergie qu’il faut pour extraire un seul bitcoin », affirment-ils. « C’est l’équivalent de 44 tours du monde. 900 bitcoins sont extraits chaque jour. Ce n’est pas une utilisation raisonnable de notre énergie renouvelable. »

Quelles sont les options politiques ?

Un certain nombre d’options politiques sont proposées par Erik Thedéen et Björn Risinger pour freiner l’extraction de cryptomonnaies à forte intensité énergétique, notamment des taxes sur la production de cryptomonnaies et une meilleure communication sur son impact environnemental. Cependant, ils notent qu’aucune de ces options n’est de nature à résoudre le problème immédiat, en particulier « compte tenu de la croissance rapide et de la demande de cryptoactifs ».

La lettre demande donc à l’UE d’introduire des mesures pour mettre fin à la production de cryptomonnaies qui utilisent des méthodes à forte intensité énergétique, et de légiférer pour empêcher les entreprises qui négocient et investissent dans les cryptoactifs de se décrire ou de décrire leur activité comme durable sur le plan environnemental.

Alors que cela pourrait conduire les producteurs de cryptomonnaies à se délocaliser dans des pays ayant une position plus favorable à l’égard des cryptomonnaies, mais peu ou pas d’accès aux sources d’énergies renouvelables, Erik Thedéen et Björn Risinger affirment qu’« il est important que la Suède et l’UE montrent la voie et l’exemple afin de maximiser nos chances de respecter l’accord de Paris », et ils appellent les autres autorités mondiales à suivre l’exemple.

« Une interdiction de la méthode d’extraction par preuve de travail au sein de l’UE pourrait être une première étape importante dans une évolution mondiale vers une plus grande utilisation de méthodes d’extraction de cryptomonnaies plus économes en énergie », ajoutent-ils. « Cela signifierait également que notre énergie renouvelable est utilisée aussi efficacement que possible afin de soutenir la transition vers la neutralité climatique. »

Source : ZDNet.com




Source link

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page