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Astronomie : les ondes radio des satellites, une menace

Astronomie : les ondes radio des satellites, une menace nouvelle

La pratique de l’astronomie, bien qu’elle soit entrée dans une nouvelle ère avec les télescopes spatiaux et notamment James Webb, repose toujours en majeure partie sur les télescopes et radiotélescopes situés à la surface de la Terre. Ces derniers exploitent les ondes radioélectriques émises par les corps célestes pour observer l’espace qui nous entoure et in fine comprendre les lois qui gouvernent l’univers.

Mais avec le développement des technologies de localisation comme le GPS ou plus récemment le réseau européen Galileo et avec l’émergence de l’Internet par satellite par exemple, les astronomes ont de plus en plus de difficultés à travailler. Pour fonctionner, ces nouvelles technologies ont besoin de véritables constellations de satellites pouvant parfois compter des milliers d’appareils, tous volant en permanence au dessus de notre tête. La plus célèbre  est celle développée par la société SpaceX pour son service internet Starkink. Elle comprend actuellement 3 200 satellites avec comme objectif à court terme d’en exploiter 42 000. 

Une pollution nouvelle génération

À l’instar de la pollution lumineuse qui parasite l’observation visuelle, les constellations de satellites utilisent des fréquences radio qui perturbent les instruments utilisés par les astronomes. Des interférences viennent alors compromettre les analyses ou obscurcissent certaines observations comme l’expliquent trois scientifiques dans un article pour The Conversation : « Les transmissions d’un satellite Iridium ont complètement obscurci les observations d’une étoile faites dans une bande protégée allouée à la radioastronomie ». 

Des zones de silence radio ont bien été créées au 20e siècle pour remédier à cette situation, mais la multiplication des transmissions satellitaires ces dernières années engendre malgré tout de plus en plus d’interférences. Certains satellites de la NASA, utilisés pour surveiller l’humidité du sol, sont d’ailleurs eux aussi impactés comme on peut le lire dans un rapport de l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) : « Bien que les transmissions soient interdites à ces fréquences par les réglementations internationales, les observations radiométriques au sol, aéroportées et spatiales montrent des preuves substantielles d’émissions hors bande provenant d’émetteurs voisins et éventuellement d’émetteurs opérant illégalement ».

Quelle solution contre les interférences ? 

La National Science Foundation et SpaceX ont récemment annoncé un accord de coopération visant à limiter l’impact des satellites sur le secteur de la radioastronomie. Christopher Gordon De Pree, Christopher R. Anderson et Mariya Jeleva, les trois scientifiques à l’origine de l’alerte publiée chez nos confrères de The Conversation, prônent la création de zones dynamiques radio nationales (NRDZ) qui seraient similaires sur le principe aux zones de silence radio existantes, c’est-à-dire qu’il sera interdit d’émettre des ondes radio sur de larges portions de territoires.

Toutefois, ces zones de silence radio nouvelle génération seraient également équipées de moniteurs de spectre pour permettre à l’ensemble des professionnels concernés (astronomes, sociétés de satellites, développeurs de technologies) de se coordonner. Il sera possible de contrôler les émissions d’ondes radio et de tester les divers équipements pour s’assurer que les ondes émises n’entrent plus en conflit avec les télescopes des astronomes. 

 radio spectrum

InductiveLoad/NASA/Wikimedia Commons 

« Une telle zone n’existe pas encore, mais notre équipe et de nombreuses personnes à travers les États-Unis s’efforcent d’affiner le concept afin que la radioastronomie, les satellites de surveillance de la Terre et les systèmes sans fil gouvernementaux et commerciaux trouvent une manière adéquate de se partager la précieuse ressource naturelle qu’est le spectre radioélectrique », ont déclaré les scientifiques.

Notez que les ondes radio émises par les satellites ne sont pas la seule menace qui plane actuellement sur le secteur de l’astronomie. La pollution et le réchauffement climatique ont également tendance à obscurcir les objectifs de nos télescopes terrestres de sorte qu’il est de plus en plus difficile d’observer les zones les plus anciennes et lointaines de l’univers connu.

Pour en savoir plus à ce sujet, n’hésitez pas à lire notre article dédié :

Crédit image de une : ESO/José Francisco Salgado 


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