Finance

Rétro 2020 – M&A International : les groupes français actifs

Le millésime 2020 pour les opérations de fusions et acquisitions dans le monde a un goût particulier. La faute à la pandémie mondiale liée au Covid-19 ayant paralysé des pans entiers de l’économie avec les différentes périodes de confinement. Cette crise sanitaire a contraint certains acquéreurs dans l’Hexagone à resteindre leur velléité d’expansion hors des frontières ou à modifier les conditions d’opérations signées avant ces évènements. Malgré ces derniers, les grands groupes français cotés ou non se sont montrés actifs dans leur politique de croissance externe à l’international. CFNEWS revient sur les dix plus importantes acquisitions de sociétés étrangères réalisées par des groupes français l’an dernier (hors secteur immobilier).

Des rabais générés par le Covid-19

Bernard Arnault, LVMH

Les deux plus importantes opérations de M&A initiées par des entités françaises hors de l’Hexagone en 2020 ont revu leurs conditions en raison de l’impact négatif du Covid-19 sur les activités. En novembre 2019, LVMH annonce la plus grosse acquisition de son histoire avec le joaillier américain Tiffany, en déboursant 14,7 Md€ soit 16,6 fois l’Ebitda via une offre publique d’achat (OPA). Mais , coup de théâtre, le géant du luxe français présidé par Bernard Arnault déclare, en septembre dernier, renoncer à cette opération d’envergure. Un contentieux entre les deux entités s’en ait suivi. Finalement, après plusieurs mois de renégociations, leurs positions se sont rapprochées et LVMH va lancer son OPA à 131,5 $ par action Tiffany contre 135 $ auparavant. Le joaillier américain se valorise donc désormais 13,3 Md€ soit un rabais de 2,59 %. Autre rapprochement impacté par la crise sanitaire : l’acquisition de Bombardier Transport par Alstom. L’opération a été rendue publique en février dernier (lire ci-dessous). Le constructeur d’infrastructures ferroviaires devait payer un montant compris entre 5,8 et 6,2 Md€ à Bombardier et à la CDPQ pour racheter 100 % des titres de la division de Bombardier. La réunion des deux structures donnait naissance au numéro deux mondial du secteur avec environ 15,5 Md€ de revenus. La pandémie mondiale a permis in fine de modifier les termes du contrat à l’avantage d’Alstom qui obtint que le montant versé à Bombardier et CDPQ diminue de 300 M€ représentant une fourchette comprise entre 5,5 et 5,9 Md€ (lire ci-dessous). 

Les USA, premier pays ciblé

Paul Hudson, Sanofi

Outre l’opération LVMH / Tiffany qui va aboutir dans les prochains mois, les Etats-Unis reste un territoire très prisé par les groupes français en quête de parts de marché à l’international. La moitié des dix plus importantes acquisitions de sociétés étrangères réalisées par des groupes français en 2020 concerne ce pays, comme ce fut le cas en 2017 (lire ci-dessous). Schneider Electric, via Aveva, sa filiale britannique de logiciels industriels, intègre, en août dernier, l’américain OSIsoft pour un montant de 5 Md$ (4,2 Md€) représentant un multiple de 32,9 fois l’Ebit ajusté (lire ci-dessous). La cible revendique 488,5 M$ (402,22 M€) de revenus d’août 2020 à août 2019 grâce à son système d’enregistrement des données d’exploitation, conçu pour le partage des données à grande échelle dans le cloud des entreprises. Avec cette opération, Aveva dépasse le milliard d’euros de revenus (1,3 Md€). L’an dernier, les laboratoires français ont fait leurs emplettes outre-Atlantique. Sanofi initie une OPA à la fin du mois d’août dernier sur la biopharma américaine cotée Principia, la valorisant environ 3,68 Md$ (environ 3 Md$). Dirigé par Paul Hudson, le groupe pharmaceutique offre pour la biotech, employant 125 personnes, un prix unitaire par action de 100 $ (lire ci-dessous). Financée sur la trésorerie disponible, cette acquisition renforce ses compétences dans le domaine du traitement des maladies auto-immunes et allergiques. En décembre dernier, Servier réalise l’acquisition de la division oncologie de Agios Pharmaceuticals moyennant 2 Md$ (1,64 Md€) hors royalties, soit un versement initial de 1,8 Md$ auquel s’ajoutera un paiement d’étape réglementaire potentiel de 200 M$ (lire ci-dessous). Le laboratoire pharmaceutique aux 4,6 Md€ de chiffre d’affaires intègre un médicament commercialisé, Tibsovo, utilisé dans le traitement de certaines leucémies myéloïdes aigües ainsi que des programmes cliniques. Enfin, dans le secteur de l’agro-alimentaire, Lactalis a mis la main, en septembre 2020, sur un portefeuille de marques du groupe américain coté Kraft Heinz dont Breakstone’sKnudsenPolly-OAthenosHoffman’sCracker Barrelin, et Cheez Whiz (hors Amérique du Nord). Le montant de la transaction s’élève à 3,2 Md$ (environ 2,7 Md€), représentant un multiple de 12 fois l’Ebitda (lire ci-dessous).

L’Europe dans le viseur

Stéphane Boujnah, Euronext

Stéphane Boujnah, Euronext

En dépit de la pandémie qui a frappé violemment le continent européen, ce territoire reste dans le radar des grands groupes français pour leur expansion internationale. Sous la houlette de son président Stéphane Boujnah, Euronext en fait partie. Plus d’un an après avoir racheté la bourse d’Oslo pour une valorisation d’environ 691 M€ (lire ci-dessous), l’opérateur boursier européen a remporté la bataille face à son homologue allemand Deutsche Börse pour l’acquisition de Borsa Italiana (lire ci-dessous). Allié à CDP Equity, la branche investissement de l’équivalent de la Caisse des dépôts en Italie et Intesa Sanpaolo, une des principales banques italiennes, il offre à son propriétaire, le London Stock Exchange, un montant en numéraire de 4,325 Md€ soit un multiple d’Ebitda 2019 supérieur à 16. Au sein de Borsa Italiana, 370 entreprises sont cotées au 31 août 2020 pour une capitalisation cumulée de 545 Md€. Sur une période de douze mois se terminant le 30 juin dernier, son chiffre d’affaires s’est élevé à 478 M€ pour un Ebitda de 278 M€. Par ailleurs, Vinci est entré, en octobre dernier, en négociations exclusives avec le groupe espagnol ACS, numéro 2 européen dans le but du rachat de sa division d’ingénierie et de travaux. Représentant un chiffre d’affaires d’environ 6,3 Md€ en 2019, cette dernière serait valorisée environ 5,2 Md€. Comme chaque année, le secteur des télécoms bénéficie d’opérations d’envergure. Iliad a annoncé son intention d’acquérir son homologue polonais Play en septembre dernier (lire ci-dessous).  Après avoir mis la main sur un bloc de 40 % auprès de deux holding d’investissement, la maison mère de Free propose aux actionnaires de l’opérateur polonais un prix de 39 zlotys par action dans le cadre d’une OPA valorisant 100 % de ses titres 2,2 Md€. Autre OPA initiée par un groupe français à l’international, celle de Schneider Electric sur l’allemand RIB Software (lire ci-dessous). L’équipementier électrique coté valorise l’éditeur allemand de logiciel de construction 1,4 Md€.


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